Histoire de Villers-Outréaux...
un village presque comme les autres
L'époque moderne (1 521 - 1 775)
Aux XVIème et XVIIème siècle, la partie méridionale du Cambrésis souffre de tout ce que les guerres internationales ou civiles ont de plus désastreux : misère, famine, meurtres. Des troupes indisciplinées, souvent mal soldées, toujours avides de pillages et représailles, ne cessent de ravager les villages qui subissent très souvent les horreurs de la guerre, deux fois surtout, durant 14 ans pour la première et 25 ans pour la seconde.
1521 : 500 à 600 Bourguignons se rendent maîtres de Crèvecoeur et ils emmènent "tout ché qu'ils purent avoir".
1524 : La picardie est ravagée par les Anglais et les Impérialistes, ils campent 3 semaines à Crèvecoeur, inquiétés et poursuivis par les Français, qui le 18 juillet campent à leur tour à Crèvecoeur, démolissent les châteaux de Lesdain et Crèvecoeur et en se retirant en France, ravagent et brûlent les villages aux alentours.
1529 : août, établissement de 2 foires annuelles et d'un marché hebdomadaire à Villers-Outréau, en faveur de Claude de Tourrote, bailli de Cambrésis, seigneur du lieu.
Actes de François 1er Tome 1.
1529 : La Paix des Dames est signée à Cambrai (actuellement hôtel St Pol) entre Louise de Savoie (mère de François 1er) et Marguerite d'Autriche (tante de Charles Quint). Ce traité est l'aboutissement heureux d'une grave situation opposant deux cousins énnemis. Seules deux grandes dames pouvaient résoudre ce conflit. La paix sera pourtant de courte durée, le conflit entre ces deux énnemis jurés reprendra dès 1536. Signature.
La Paz de Cambrai par Francisco Jover
1536 : Les bourguignons chassent les religieux de Vaucelles et dévastent l'abbaye.
1543 - 1544 : Anglais, Impérialistes et Français tour à tour ravagent la campagne autour de Crèvecoeur. Et les Français se retirent en mettant le feu aux villages alentours. 1543 : Crèvecoeur est brûlé, en 1545 c'est Lesdain. Honnecourt, Le Catelet, Beaurevoir sont pris, repris et saccagés. Villers Outréaux perd toutes ses habitations.
1557 : Philippe d'Espagne s'empare du Catelet, l'armée de nouveau fait souffrir les environs et l'abbaye du Mont St Martin est pillée et brûlée.
1559 : C'est la Paix du Cateau Cambrésis : La signature de deux traités entre Philippe II d'Espagne et Henri II de France met un terme au conflit entre la France d'un côté, l'Espagne et le Saint-Empire romain germanique de l'autre. Cette signature est considérée comme le traité européen le plus important du XVIe siècle dont les accords sont restés en vigueur pendant plus d'un siècle.
1581 : Le duc de Parme, commandant les espagnols vient assiéger Cambrai. Il établit à Crèvecoeur et Vaucelles des forts, attaqués vainement par les Français jusqu'à ce que le duc d'Anjou arrive avec une forte armée et fait lever le siège.
1585 : Claude de St Pol, Seigneur de Villers demeure à Cambrai.
1588 : Balagny, gouverneur de Cambrai, tente par deux fois, en 1585, de s’emparer de la forteresse du Catelet, n’ayant pu y réussir, mit de dépit le feu au village et ne manque pas de ravager les villages voisins tels que Gouy, Beaurevoir, Crèvecoeur, Aubencheul au bois et Villers Outréaux afin de ne pas laisser aux troupes ennemies vivres et refuges.
Jean de Monluc de Balagny, (c.1545 - 1603),
Seigneur de Balagny, Maréchal de France sous Henri IV, gouverneur de Cambrai
1595 : le 10 juin, le Prince de Chimay attaque Le Catelet pour le compte de Fuentés. Les environs sont de nouveau saccagés. Le Gouverneur Dampierre de Liéramont soutient quelques assauts et se rend le 25 juin. A la même époque, Balagny, Gouverneur de Cambrai, occupe le château de Beaurevoir, capable de renfermer un bon nombre de troupes et de soutenir un siège. Il harcèle les troupes du comte de Fuentés, ravage et détruit les villages voisins. Les religieux de Vaucelles se réfugient à Cambrai. L'abbaye du Mont St Martin, abandonnée en 1584 est rasée, les fermiers mis en prison.
Prise de Cambrai par le comte de Fuentes
1598 : Enfin la paix ? Après 14 ans d'abandon, l'abbaye du Mont St Martin est reconstruite, repeuplée... on reconstruit, cela durera 40 ans.
Au XVIème siècle : Des pluies diluviennes changent les ruisseaux en torrents et les plaines en lacs ; l'Escaut et l'Escauette (ou Eauette) débordent ainsi que les deux ravines qui s' y rattachent ; et l'on sait que l'une d'elles vient de Villers-Outréaux,
la vallée d'Esnes fut alors cachée sous les eaux.
Si les vallées sont inondées les hauteurs ne sont pas épargnées . En effet, l'histoire de ce temps rapporte que, surtout dans les pays tant soit peu élevés (au nombre desquels se trouvait notre commune) régnait le terrible fléau appelé à cette époque Trousse Galant et dit aujourd'hui Choléra. Cette terrible maladie enleva en, 5 années, le quart de la population. Ce n'est pas tout : notre pays eut encore a souffrir des rigueurs des saisons. Il n'y a plus ni hiver ni été, ou plutôt l'un est remplacé par l'autre, nous signalerons spécialement les années 1537 et 1564 dont l'hiver fut des plus
rigoureux. La famine devient si effroyable que les hommes de Saint-Vaast et de Quiévy, tourmentés jusqu'au désespoir par la faim, conviennent que l'un d'eux se laissera tuer pour servir de nourriture aux survivants. Plus près de Villers, une pauvre mère de Clary, après avoir dévoré les choses les plus dégouttantes, devient furieuse de souffrances, oublie les plus vifs et les plus tendres sentiments de la nature, étouffe son pauvre enfant vainement suspendu à son sein desséché, et dévore l'innocent qu'elle ne peut plus nourrir (Le Carpentier : 1re partie de l'Histoire de Cambrai, p. 143).
Cette famine se renouvela en 1586, en 1594 et en 1595.
1635 : de nouveau la guerre avec les Espagnols. Les Français ravagent et brulent Crèvecoeur. L'année suivante, les Espagnols sacages les villages voisins de Le Catelet. La forteresse est prise.
De 1635 à 1664 : les moines de l'Abbaye du Mont St Martin sont obligés de vivre dans les bois. L'abbaye est abondonnée.
Vers la fin de 1637, le colonel français de Gassion fit une course dans le Cambresis, à la tête de 800 chevaux, brûla le village de Lesdain et les autres habitations qu'il rencontra et sans doute aussi les maisons de Villers-Outréaux, qui se trouvaient sur son passage, en se dirigeant sur le Câtelet, dont il fut sur le point de faire prisonnière la garnison qui était allée au bois.
En cette seconde moitié du XVIIème siècle, c'est presque continuellement la guerre. Une paix tous les 10 ans :
- 1648 : Paix de Westphalie avec l'Autriche
- 1659 : Paix des Pyrénées avec l'Espagne
- 1668 : Paix d'Aix la Chapelle
- 1678 : Paix de Nimègue
Villers Outréaux tout entier est français.
Villers-Outréaux faisait tout à la fois partie de la Picardie et du Cambresis ; et sous ce double rapport, cette commune a subi
nécessairement les vicissitudes de ces deux provinces et se rattache à leur histoire.
La partie de Villers qui se trouvait sur la province du Cambresis a donc dû être réunie à la France, en même temps que cette province elle-même. Ce qui eut lieu à la suite de la reddition de la citadelle de Cambrai à Louis XIV, en 1677. Le Cambrésis (et par conséquent tout le village de Villers-Outréaux) fut Français, à partir de cette époque. Toutefois, au grand regret des habilants de cette commune, et des communes voisines, on ferma à Cambrai la porte dite de St-Georges, par où ils avaient l'habitude d'entrer en ville, ce qui abrégeait leur route de plus d'un kilomètre. La raison de la suppression de cette porte (du moins celle qu'en donne la tradition), c'est qu'il n'était plus permis de passer par la porte et sous les voûtes par du «le grand roi, le roi soleil» avait fait son entrée solennelle dans la ville de Cambrai.
Philippe-Nicolas d'Aumale de Haucourt, dit le marquis de Haucourt, seigneur de Gennes, de Villers-Outréau et de Montdétour, était fils de Daniel d'Aumale, seigneur de Haucourt, premier chambellan de Henri de Bourbon, prince de Condé, et de Françoise de Saint-Paul, fille de Claude de Saint Paul, Seigneur de Vallières, de Villers Outreau, de Gennes, mariés en 1607.
Qu'il fût en France ou à l'étranger, il ne cesse, sa vie durant, de transcrire et de compiler tous les ouvrages relatifs au blason et aux généalogies qui lui tombaient sous la main, les enluminant lui-même. L'Arsenal a recueilli quatorze volumes de ces compilations, qui tous ont appartenu au marquis de Paulmy.
Parmi ces recueils il en est qui ont été écrits en 1652 ; d'autres sont datés de Villers-Outréau, 1659 ; d'autres encore de
Bruxelles, 1658 ; d'autres enfin de Leyde, 1662. Source
Manuscrit autographe de Philippe-Nicolas d'Aumale
1685 : Révocation de l'Edit de Nantes. Le duc d'Aumale, Seigneur de Villers, protestant, s'exile et quitte la Seigneurie de Montdetour.
Il se retire en Hollande où il épouse Anne de Cuick-Mierop, fille de l'intendant de Hollande, dont il a eu 7 enfants. Source
Instaurés par François Ier en 1539 (ordonnance de Villers-Cotterêts) pour les naissances et décès puis plus tard pour les mariages, les actes d'état civil étaient rédigés et conservés par les autorités religieuses, principalement l'Église catholique romaine, sous forme de registres des baptêmes, des mariages et des sépultures. On les appelait les registres paroissiaux. A Villers on constate en 1665 : 22 baptêmes, 44 en 1666, 32 en 1667. Toutes ces archives sont disponibles en ligne sur le site des Archives départementales du Nord.
1676 : Jean Pépin est maieur (fonction proche de maire)
1677 : le 4 avril : prise de Cambrai, le 17 avril : prise de la citadelle.
1678 : Villers est français, la vie sera plus calme désormais.
1684 : le 11 mars, Laurent Hanquet, maieur de Villers est témoin d'un contrat concernant les fortifications de Cambrai.
Fait curieux, en 1646 nous exisistons sur la carte du Hainaut - Cambrésis, mais sur une autre carte d'archevêché du Hainaut de 1656, Villers n'existe plus (voir ci-contre), pas plus qu'en 1696. Nous réapparaissons en 1725. Pour à nouveau disparaître en 1745.
1713 : Dossier de concession de l'Ordre de la Toison d'Or à Brancas, Marquis de [Luis], Baron de Castelet et Villeri.
Est-ce bien baron du Catelet et de Villers ? (cliquer sur "ver imagenes")
Vers 1700 : il nous est signalé une chapelle de Saint Martin au croisement de la route Beaurevoir - Cambrai et Villers - Le Catelet. Les anciens chemins ne sont pas ceux d'aujourd'hui, certains chemins de terre en sont témoins. Toujours est-il qu'on ne connait pas exactement l'endroit où cette chapelle a été construite.
1709 : Hiver rigoureux et famine du 6 janvier au 18 mars.
1739 : une carte des archives du Mont St Martin au sujet du dimage indique un calvaire à l'emplacement du calvaire actuel (construit en 1844). Ce calvaire fut béni, quelques années auparavant, par Monseigneur Fénelon, archevêque de Cambrai. Nous n'avons pas d'année exact, mais ce fût dans les premières années de sa présence à Cambrai ( donc vers 1700). Le Seigneur de Villers Duc D'Aumale est protestant et Fénelon aurait commencé son allocution à peu près ainsi : "Mes Frères, avant d'être béni, ce calvaire était en bois, quand je l'aurai béni, il sera encore en bois" Paroles qui sont considérées comme une flatterie à l'adresse des protestants, nouveaux convertis et venus par ordre ou par crainte pour assister à la cérémonie. Après cette bénédiction, Fénelon prit à pied le chemin de Cambrai. Il n'y avais pas alors de bonne route et les chemins rarement praticables pour un carosse.
Monument funéraire dédié à Fénelon, œuvre de David d'Angers, 1826, cathédrale de Cambrai.
1740 : Hiver rigoureux du 6 janvier au 9 mars.
1735 : le 10 juillet un vent violent ne cessa de souffler jusqu'au 15, alors ce fut une bourrasque, un ouragan, une trombe qui vomit une nuée de sauterelles extraordinaires : « Il y en avait de vertes, de noires et de rayées de noir et de vert, elles avaient la tête dure telles n'avaient que 8 à 12 pattes, 4 ou 6 pates par devant et autant par derrière, par le moyen desquelles elles s'élançaient de plante en plante d'une manière particulière. Quand elles avaient mangé d'un côte les foins des champs, les pois, les fèves, etc., ce qui se faisait en peu de jours, et qu'il ne restait plus rien en cet endroit, on les voyait marcher en grosses bandes vers un autre lieu. On craignit pour les grains, elles y allèrent en effet, mais elles ne mangèrent que.les herbes qui étaient dedans. Elles infectaient l'air de leurs excréments et corrompaient l'eau des puits où elles tombaient. Des prières publiques eurent lieu à Villers pour la délivrance du fléau. Ces insectes n'y laissèrent ainsi qu'à Aubencheul ni feuilles aux haies, ni légumes aux jardins ; puis, formant entre ces deux villages une bande plus compacte que jamais, ils gagnèrent l'humide bois de Mortho et y périrent vers la fin du mois. Six semaines après, l'air de ce bois n'était pas encore purifié des émanations putrides de leurs cadavres innombrables et d'une grosseur démesurée.
1773 ou 1775 : Construction du moulin de pierres (moulin à vent à farine). Il aurait été construit avec les pierres provenant de la tour du château de Montdétour abandonné depuis la révocation de l'Edit de Nantes en 1685. Un incendie ravage l'édifice en 1906.
Moulin de pierres de Villers Outréaux
Moulin Brunet, à quelques kilomètres (Dehéries)
1775 : Le Marquis d'Havrincourt, Seigneur de Villers, Mont des tours et autres lieux est parrain de la cloche bénite à Villers Outréau.
Sources :
recherches de l'Abbé Eugène Cailliez restitués par l'Abbé Troquenet
société d'émulation de Cambrai (à partir de la page 333)
Le Catelet
Gallica
notice sur Aubencheul et hameaux voisins par l'Abbé Louis Boniface
Patrimoine textile | ||