Villers-Outréaux... un village presque comme les autres
Le XXe siècle
1907 : le 13 juin, le conseil municipal est saisi d'une demande de concession effectuée par un Comité provisoire, dans le but d'installer une usine à gaz qui serait exploitée par une société dont l'intitulé serait "Société Anonyme d'Eclairage au Gaz de Villers-Outréaux" . La commune donnerait à la Société du Gaz de Villers la concession de l'éclairage au gaz et le droit exclusif de poser, conserver et entretenir sous le sol de toutes les places et voies publiques de la commune, des conduites et branchements destinés à la distibution du gaz pour l'éclairage, le chauffage, la force motrice etc... Le gaz sera extrait de la houille ou de tous autres produits que les progrès de la science mettront à la dispisition de l'industrie. La pureté et le pouvoir éclairant du gaz devront toujours être suffisants pour assurer un bon éclairage et la pression dans les conduites mères ne pourra pas être inférieur à 15 millimètres. Le concessionnaire subira les pénalités suivantes : 10 centimes par jour, par chaque lanterne non allumée une demi-heure après l'heure fixée... 5 francs par nuit... En cas de force majeure, tels que actes de malveillance, émeutes, inondations, gelées intenses, ouragans, le concessionaire sera éxonéeé des pénalités prévues.
1914 : Comme à chaque époque guerrière depuis bien des siècles, Villers se trouve sur une zone frontalière et connait des tourmentes. La première guerre mondiale n'épargne pas notre village. Notre commune se trouve pratiquement sur le point le plus élevé de cette région des marches de la France, raison pour laquelle les allemands édifient en cette zone une redoutable ligne de fortifications. Elle a pour raison de résister aux assauts.
1914 : 26 août, la bataille fait rage entre les britaniques et les allemands au Cateau. Elle se termine par la fuite des britaniques vers le sud. Voir l'histoire de "La bataille du Cateau". C'est ainsi que les troupes de la 4e Division Britanique, dont le régiment Essex, passent la nuit du 26 au 27 août dans notre village. Harassés, affamés et bousculés par le poids du nombre, ils reprennent le chemin le lendemain, laissant en route quelques blessés. Quelques uns sont soustraits aux yeux des troupes allemandes par la population locale. Le presbytère de Villers devient un poste de soins temporaire. Les soldats britaniques blessés occupant les lieux sont fait prisonniers dans la foulée. Les plus valides prennent la fuite à travers la campagne. Mais 3 soldats anglais restent cachés dans Villers, 2 seront pris.
1916 : le 1er octobre, les allemands installent un aérodrome. Il accueille la Staffel 1 deshalb geschwader 1 (première escadrille de la première escadre). Le moulin de pierre sert de tour d'observation de cet aérodrome. En partant en septembre 1917, ils auraient écrouler la tour qu'ils avaient construite à l'intérieur, faisant tomber un pan de mur du moulin.
Colère et désarroi pour les brodeurs de notre village et des environs. Les allemands leur enlèvent leur gagne-pain en confisquant leur métier à bras qu'ils mettent 10 ans à payer. Les allemands démontent et cassent leur machine pour les transformer en machine de guerre. De même, ils s'emparent de la cloche en fonte de l'église, faisant un trou béant dans le clocher, pour en faire également des engins de guerre.
Arrêtée le 29 septembre 1916, à Caudry, Mélanie Marie Philomène Lemaire est déportée au camp de Limburg-am-Lahm, en Allemagne, avec ses deux sœurs Célestine Sidonie et Aline Maria Evelina… Mais pourquoi ? Voir à cette adresse. Elle obtiendra la légion d'honneur à titre posthume.
Carte du front estimé en mars 1917
Pendant toute cette période, les soldats germaniques se montrent d'une extrême arrogance et terrorisent la population civile en la brutalisant.
Notre village obtiendra la croix de guerre en 1921.
"Commune en grande partie détruite par la bataille et dont la population a conservé une attitude des plus énergique devant l'ennemi."
Extrait du journal officiel
Villers possède la particularité de compter 3 cimetières britaniques dans ses environs immédiats. Ces cimetières contiennent les tombes des soldats anglais, écossais, gallois, irlandais. Chacun de ces cimetières correspond à une attaque différente.
Plus de renseignements dans l'excellent ouvrage de Bernard Delsert "Villers Outréaux, sous la botte allemande de 1914 à 1918".
Prisonniers de guerre britanniques près de Villers-Outreaux - pris le 22 mars 1918 - un jour après le début de l'offensive du printemps sur la Somme.
Le Sergent-Major John Henry Williams, sous-officier gallois qui, par son courage a sauvé une partie de sa compagnie prise sous les feux ennemis dans la nuit du 7 au 8 octobre 1918. Il fit prisonniers 15 hommes, et permis de sauver ce village sans qu'il n'y ait de victime. Le Sergent Major est le sous-officier gallois le plus décoré de tous les temps. Il a reçu la Victoria Cross et la médaille militaire française. La stèle se trouve près du moulin de pierre, non loin du lieu de ses hauts faits. Lors de l'inauguration de cette stèle, la petite fille, l'arrière petite fille et l'arrière-arrière petit fille étaient présentes.
Inauguration de la stèle à la mémoire de John Henry Williams le 6 octobre 2018
Liste des morts pour la France de Villers Outréaux.
1923 : 9 septembre, le monument aux morts de la grande guerre est inauguré en présence du sous préfet, des représentants de l'Armée, du sénateur, du député, du conseiller général, des conseillers d'arrondissement et maires de la région, les sociétés de musique de Clary, Elincourt, Estrées, Honnecourt, Ligny, Montbrehain et Walincourt. C'était une grande foule. L'organisation, la canalisation des nombreuses sociétés ou groupement ont posé de sérieux problèmes. Ce fut malgré tout une réussite. A noter que des trains spéciaux ont été organisés par la Compagnie du Cambrésis.
La veille de l'inauguration, au cours de la veillée, l'appel des Morts fut fait par Arthur Raguenet, vétérinaire. Il fit cet appel en tenue de Commandant Vétérinaire. Ce fut une veillée très suivie et très émouvante. Il faut savoir que chaque famille villersoise a été endeuillée par cette guerre.
1930 : 4 février, la décision est prise de construire un kiosque sur la place publique. Alexandre Béthune est chargé de la maçonnerie pour 7 700 francs, la charpente est exécutée par Alfred Lamouret pour le prix de 10 000 francs, la couverture en zinc a été installée par M. Desenne pour 4 700 francs. Tous ces entrepreneurs sont originaires de Villers. Le kiosque est terminé le 24 octobre.
1932 : 2 avril, travaux de terrassement et pose de canalisation pour le château d'eau. En novembre, 42 bornes fontaines sont placées dans le village et 2 au Petit-Villers. En janvier 1933, le château d'eau est terminé. Il a une hauteur de 24,40 m avec une double cuve de 475m3 et un puit qui a une profondeur de 54 mètres. En 1942, des travaux de réparation sont effectués au réservoir pour remédier aux infiltrations d'eau et à l'affaissement de la construction.
1934 : 30 mai, la décision de construire une tour sur le bâtiment de la mairie est prise. La dépense s'élève à 6 155 francs de l'époque. C'est l'entreprise Edmond Béthune-Degraincourt qui est chargée de construire cette tour qui sert à sêcher après usage les tuyaux des sapeurs pompiers, ainsi que de placer la sirène. Après rénovation de la mairie en octobre 1994, la tour disparait, la sirène sera placée sur le toit.
1940 : 15 mai, c'est la "grande débacle !" Bon nombre de nos concitoyens quittent leur maison en voiture, chariots bicyclette, même à pied. Certains sont bloqués à Péronne, d'autre plus rapidement échouent en Bretagne, dans le centre de la France... Pour nos soldats, c'est la déroute, plus d'une centaine de chez nous sont faits prisonniers, d'autres sont bloqués en zone non-occupée. Pour ceux qui sont restés à Villers, il y a des moments d'angoisse. Dès leur entrée dans Villers, venant de Malincourt, les allemands font un barrage avec des herbes, des rouleaux, tous les gros instruments aratoires qu'ils trouvent. Des canons anti-chars sont mis en batterie sur les hauteurs. C'est ainsi que des chars français venant de Malincourt sont pris sous le feu des allemands.
Cette occupation est moins terrible que lors de la première guerre mondiale, mais la vie n'est pas facile. Personne ne travaille, les villersois vivent avec les tickets de ravitaillement et leur potager. Un petit réseau de résistants s'organise.
1944 : 2 septembre, vers 15 h 30, venant de Gouy, une colonne motorisée, une étoile sur chaque véhicule : "ce sont les américains !!"
1954, 23 mars, M. le maire Jean Quennesson soumet au conseil municipal le projet de construction d'une salle des fêtes. Le devis d'un montant de 8 500 000 francs est approuvé. Les travaux sont totalement autofinancés par la commune. L'inauguration a lieu le 22 mai 1955.
Sources :
recherches de l'Abbé Troquenet restitués par Bernard Bancourt et d'Yvon Prez, témoignage de Jules Cazé, livre de Bernard Delsert
Patrimoine textile | ||